Agni (le Feu) est le dieu des prêtres et le prêtre des dieux
Le feu permet d’assimiler, il permet de diriger notre énergie. Que ce soit Yoga ou Ayurvéda, l’élément du feu dans toutes ses manifestations a toujours été considéré comme essentiel afin de progresser dans la voie, et vivre une vie pleine et heureuse. Car il est lié aux qualités comme la volonté, la motivation, la détermination, et la persévérance. Parlons aujourd’hui du feu interne !
Un pranayama qui agit directement sur le feu interne
Le feu dans Yoga
Est-ce que ça vous est déjà arrivé d’être super motivé pour démarrer quelque chose ? Et, quelques semaines plus tard, perdre la motivation et arrêter ? Quand j’étais jeune, cela m’arrivait aussi. J’étais super, super motivé au début. Et après je me lassais. C’est typiquement une des manifestations du feu.
Le feu existe sur plusieurs niveaux. Il y a le feu grossier : c’est ce qui génère cette motivation initiale, la volonté initiale. Et ensuite, il y a le feu subtil (à vrai dire : les feux subtils !). Et c’est ce qui permet de garder la volonté et la motivation dans la durée – pendant longtemps, sans interruption, et sans avoir des mauvais effets comme le stress, l’anxiété, la culpabilité.
Aujourd’hui, dans notre société moderne, on vénère et on apprécie beaucoup le feu grossier. Mais on ne capte plus le feu subtil. Sauf… imaginez que vous êtes dans une cabane et il fait -20° ! Vous n’avez que du bois pour vous réchauffer. Si ce feu est trop fort, le bois va brûler rapidement. Au début, certes, on va être bien et confortable. Mais au bout de 2h… et bien, il y a plus de bois, plus de feu, et on va passer la nuit en ayant froid. En contrepartie, si le bois brûle doucement, il va nous soutenir toute la nuit, voire plus !
Dans la voie de Yoga, c’est ce deuxième feu – le feu subtil – que nous recherchons.
Comment on travaille le feu subtil
Travailler le feu grossier… ce n’est pas si difficile. Déjà, on peut le trouver et le chercher à travers les désirs, à travers le travail postural et aussi grâce aux pranayama comme bhastrika. Je ne minimise pas l’importance de ce feu. Car c’est le feu qui va « allumer » notre bois.
A lire : Comment bien débuter avec les pranayama
Mais ensuite, il est important de l’adoucir, et plutôt travailler le feu subtil. Il y a trois aspects de ce feu. Le premier est technique : utiliser le feu externe pour allumer les feux internes. Le deuxième, c’est lui donner une direction : pour que ce feu aille de l’extérieur vers l’intérieur. Et finalement, il faut « veiller » sur ce feu, afin d’assurer qu’il reste allumer longtemps sans s’éteindre.
Afin de mieux comprendre cela, imaginez une route à deux extrémités : l’une est notre corps (externe) et l’autre notre conscience (interne). Tout au long de cette route, il y a une lignée de lampes que l’on doit allumer l’une après l’autre. La lampe la plus externe est déjà allumée. Maintenant, on doit diriger ce feu vers l’intérieur pour qu’il allume les autres lampes !
FORMATION PRANAYAMA
IMAGINEZ UNE VIE SANS CONFLIT INTÉRIEUR
Voici comment on fait cela en Yoga :
- Pour allumer les autres lampes, on utilise les pranayama – pas bhastrika, mais les autres pranayama. Le chant des mantra aide aussi là-dedans.
- Pour mieux diriger ce feu, assurer que les lampes suivantes s’allument : c’est le rôle de dharana (concentration et méditation). Donc les mantra et les exercices de concentration et de méditation.
- Et finalement, pour veiller sur ce feu : c’est le rôle de la philosophie et des connaissances.
C’est le vrai rôle de la philosophie dans la voie de Yoga : de veiller et assurer que ce feu reste allumer longtemps et sans interruption. (La philosophie dans Yoga… eh bien ce n’est pas une étude universitaire !!!!). C’est aussi pour ça que l’étude de la philosophie s’appelle Yoga Darshana – la vision, la manifestation de Yoga.
Voilà pourquoi, dans les traditions, tous ces aspects, que ce soit asana, pranayama, méditation et philosophie, étaient enseignés ensemble. Parce que l’un ne peut pas être séparé de l’autre.
C’est plus simple que l’on ne le pense !
Souvent, quand on parle de l’importance de cette approche holistique de Yoga, on a l’impression que ça nous prendra trop de temps. Et que ce n’est juste pas possible.
Et pourtant… même si on a que 20 minutes par jour, cette approche peut être appliqué. Car ce n’est jamais une question de temps. Mais simplement des processus que l’on met en place.
Pour vous partager ma propre expérience : ma pratique matinale dure environ 4h. Pourtant, il y a eu des périodes de ma vie où je n’avais pas 4h par jour ! Parfois, et cela des semaines durant, je n’avais que 30 minutes. Alors je ne faisais que 20 minutes. Et vous savez quoi ? Ça m’avançait quand même. Parfois bien plus que l’on n’aurait pu imaginer ! Voici comment je découpais ma pratique :
- 10 minutes pour quelques exercices de mobilités pour bouger un peu le corps
- 5 minutes de nadi shodhana
- 5 minutes de contemplation d’un sutra ou un verset de Bhagavad Gita.
Et les 10 minutes restantes… c’était ma marge ! Comme ça, je n’étais pas en train de regarder l’heure ou me sentir pressé pour terminer la pratique.
Comparé aux 4h que je passe habituellement, ces 20 min peuvent paraître dérisoires. Pourtant, parfois je pratique 4h, et ça ne m’avance pas d’un pouce ! Et parfois, en 20 minutes, on arrive à avoir l’éclaircissement qui paraissait pourtant impossible en si peu de temps !
Parce que ce qui est dans nos mains, c’est mettre en place les processus de la pratique. Mais les résultats de ces processus ne sont pas dans nos mains !
Donc « challenge » cette semaine ! Trouvez une idée de pratique qui englobe cet aspect holistique sans que cela ne prenne plus de 20 minutes. Comme ça, même si aujourd’hui vous avez plus de temps, si un jour vous vous retrouvez avec peu de temps, vous saurez quoi faire !
Et la semaine prochaine, je vous partagerai 3 différentes idées de pratique, basée sur 20 min, 1h et 2h !