D’abord il y a le Feu : le dieu des prêtres et le prêtre des dieux. Puis les couleurs abondent, comme si chaque partie de Mère Nature s’était réveillée et avait laissé son empreinte sur nos visages. Le printemps est arrivé. Il est temps pour Holi !
Cela fait maintenant quelques jours. Les oiseaux de mon quartier n’arrêtent pas de chanter. Leurs chansons durent de plus en plus chaque jour. Eux aussi sentent l’arrivée du printemps. Ou peut-être, ils aspirent au million de couleurs de l’Inde. Moi aussi, de temps en temps, surtout autour de Holi.
Ça a toujours été le festival « fun », du moins dans ma famille. Quelques jours avant Holi, nous allions au marché aux fleurs pour acheter plusieurs sacs de fleurs colorées. Nous les faisions tremper dans l’eau qu’elle soit naturellement colorée. La veille de Holi (le jour que nous appelions choti Holi ou petit Holi), il y avait un feu de joie dans la rue. Le prêtre nous racontait la légende de Holika, la sœur du démon Hiranyakashipu. Nous chantions et dansions autour du feu de joie, écoutant à peine ses paroles. Le lendemain matin, nous remplissions des ballons et des pistolets à eau avec l’eau colorée que nous avions préparée. Il était temps de peindre la ville en rouge, vert, bleu et orange, et toutes leurs nuances !
Il était une fois un grand roi démon du nom de Hiranyakashipu. Il avait reçu la bénédiction de ne pouvoir être tué ni par l’homme ni par l’animal, ni à l’intérieur ni à l’extérieur, ni sur terre, ni sur l’eau, ni dans l’air, ni par projectile ni par arme de poing, ni de jour ni de nuit. Presque immortel, il était devenu puissant et arrogant, et exigeait d’être adoré comme Dieu.
Son fils, Prahlada, n’était pas d’accord. Adepte de Vishnu, il continuait à prier sa divinité bien-aimée malgré les multiples sévices que lui infligeaient son père et sa tante Holika. Un jour, Holika l’amena à s’asseoir sur ses genoux dans un bûcher. Elle s’était recouverte d’une cape magique qui l’immunisait contre les effets des flammes. Alors qu’ils étaient assis dans le bûcher et que le feu rugissait, un vent mystérieux souffla, arracha le tissu du dos de Holika pour recouvrir Prahlada. Holika (et le mal) a été consumée, et Prahlada (la vertu) resta sans égratignures. Le vent, qui était Vishnu, prit la forme de Narasimha (mi-homme, mi-lion), et au crépuscule (ni nuit ni jour), a pris Hiranyakashipu sur un seuil (ni intérieur ni extérieur), l’a placé sur ses genoux (ni terre, ni air, ni eau), et l’a éviscéré de ses griffes (qui n’étaient ni des armes de poing ni des projectiles).
Les sujets du roi démon ont célébré cette victoire de la vertu sur le mal avec un million de couleurs. Et à ce jour, Holi reste le festival pour mettre fin et se débarrasser de nos erreurs passées (les brûler dans le feu légendaire), pour mettre fin aux conflits en rencontrant à la fois nos amis et ceux avec qui nous n’étions pas si amicaux, pour pardonner et oublier, et recommencer.
Je doute que Mme Annie Hidalgo apprécie que nous allumions des feux de joie et peignons les rues de Paris avec 1001 couleurs… mais dans un feu intérieur, brûlons les regrets et les conflits en ce jour de Holi. Commençons à nouveau sur une voie où il n’y a ni dette ni combat. Colorons le mois de mars avec le safran d’Ahimsa !
Crédit photo @somephotographer via Twenty20
Pankaj,
Je n’ai jamais visité l’Inde.
En revanche, j’ai visité Little India, le quartier Indien de Singapour, et je me souviens que ce qui m’avait frappé, c’était toutes les couleurs, des fleurs, des fruits, des maisons et également des vêtements. J’avais trouvé cela très gai.
Bonne journée, à ce soir.
Françoise C.
Coucou Françoise ! Je n’ai jamais visité Little India, mais j’ai beaucoup entendu parlé aussi ! Oui, Holi est toujours très, très coloré et très gaie !