Mars 2020 : Le mois d’Ahimsa

Écrit par Pankaj Saini

अहिंसाप्रतिष्ठायां तत्सन्निधौ वैरत्यागः॥३५॥
ahiṁsā-pratiṣṭhāyaṁ tat-sannidhau vairatyāghaḥ ॥35॥

Yoga Sutra II.35

Quand on devient ferme en l’absence de désir de nuire aux autres, alors tous les êtres cessent de ressentir de l’hostilité en notre présence – Yoga Sutra II.35

Il y a très longtemps, un grand sage vint dans un village et vit qu’un serpent terrorisait ses habitants. Connaissant la langue des serpents, il enseigna au serpent le chemin d’Ahimsa. Un an plus tard, il retourna au village. Le village était paisible, mais le serpent avait maigri et était grièvement blessé.

« Que t’est-il arrivé ? » demanda le sage.

« J’ai appris le chemin d’Ahimsa », répondit le serpent. « Maintenant, je ne mange plus de rats ni ne terrorise les villageois. Mais parfois, car ils ne me craignent plus, les enfants me jettent des pierres. »

« Je t’ai montré le chemin de la non-violence, mon enfant », soupira le sage. « Et je t’ai demandé d’arrêter de mordre les gens par dépit. Mais je ne t’ai jamais demandé d’arrêter de manger. Et je ne t’ai jamais demandé d’arrêter de siffler… »

हिंसा (hiṁsā) : Violence, blesser, faire mal. अ- (a-) : Préfix qui signifie absence de ce qui suit

Ahimsa est la plus grande vertu (Mahabharata 13.117.37) et peut-être l’essence de tout le corpus de la philosophie hindoue. Mais c’est un concept souvent mal compris et mal interprété. Car Ahimsa ne peut pas être assimilé au pacifisme. C’est beaucoup plus profond que cela. Beaucoup plus subtil. Il ne s’agit pas seulement de « l’absence de violence ». C’est « l’absence de désir de nuire », que ce soit à un autre, ou à soi-même.

Il y a trois façons de causer des blessures : par ce que nous faisons nous-mêmes, par ce que nous incitons les autres à faire, et par ce que nous permettons d’être fait. Derrière chacun se trouve soit le désir d’obtenir quelque chose, soit la colère contre quelque chose qui nous a été fait, soit l’ignorance de la vraie nature de nos actes.

Pour suivre le chemin d’ahimsa, il est important de cultiver des pensées opposées à celles qui nous incitent à la violence. Mais pour ce faire, nous devons d’abord être conscient des pensées qui nous conduisent vers des actions violentes.

Le mois de mars 2020 est dédié à aider nos étudiants et lecteurs à mieux comprendre le concept d’Ahimsa et à développer une pratique basée sur la non-violence. Voici ce sur quoi nous allons travailler pendant les cours de ce mois :

Programme pour Ahimsa

Développer la pleine conscience de la respiration, du mouvement et des pensées car ce n’est que par la pleine conscience de la respiration que nous obtenons un aperçu de nos propres pensées. Au cours de cette première semaine :

  1. Tous les cours commenceront par un petit discours sur Ahimsa avant d’attirer notre attention sur notre souffle.
  2. Pendant les asanas, nous chercherons à lier la respiration au mouvement de manière plus concentrée.
  3. Lors de la pratique du pranayama, nous porterons une attention particulière au moment de transition entre l’inspiration et l’expiration.
  4. Tous les cours se termineront par la pleine conscience de la respiration après le chant d’Aum, shanti, shanti, shanti.

Routine suggérée pour nos étudiants et nos lecteurs :

  1. 5 minutes de conscience de la respiration au réveil.
  2. Trois respirations conscientes avant le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner.
  3. Avant d’aller au lit, 2 minutes de concentration sur la transition entre l’inspiration et l’expiration.

Le chemin d’Ahimsa requiert à la fois du courage et de la persévérance. Pour supprimer le désir de blesser, que ce soit nous-mêmes ou les autres, nous devons apprendre à pardonner. Et apprendre à être patient ! Cette semaine, l’accent sera mis sur l’ajout de sankalpa (vœu) à notre pratique, sur l’apprentissage de la concentration de nos pensées et sur la voie du pardon.

  1. Tous les cours commenceront par la pleine conscience de la respiration suivie d’un trataka (concentration) sur la flamme d’une bougie.
  2. Avant de commencer la pratique, en tadasana, nous prononcerons le vœu suivant : « Je ne céderai pas au désir de blesser les autres ou moi-même ».
  3. Pendant les asana et pranayama, nous nous concentrerons sur la transition entre les respirations au lieu de la performance pendant la pratique.
  4. Le cours se terminera par la pleine conscience de la respiration suivie par :
  5. Se pardonner pour toute violence que nous aurions pu faire à autrui ou à nous-mêmes.
  6. Pardonner aux autres pour toute violence qu’ils pourraient nous avoir faite.
  7. Remercier les cinq éléments d’être présents lors de notre pratique.
  8. Le chant d’Aum, shanti, shanti, shanti.

Routine suggérée pour nos étudiants et nos lecteurs :

  1. 5 minutes de respiration consciente au réveil tout en concentrant la vision sur un objet devant nous. Remerciez les cinq éléments et le souffle de leur présence.
  2. Trois respirations conscientes avant le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner. Remerciez silencieusement toutes les personnes qui ont dû travailler pour que vous ayez de la nourriture à manger devant vous.
  3. Avant d’aller au lit, concentrez-vous sur la transition entre l’inspiration et l’expiration pendant 2 minutes. Pardonnez-nous pour toute violence que vous auriez pu faire à autrui ou à vous-mêmes. Pardonnez aux autres pour toute violence qu’ils pourraient vous avoir infligée.

Ce n’est pas seulement la colère qui mène à la violence, c’est aussi la cupidité. À bien des égards, nous devenons esclaves de notre cupidité. Cette semaine sera consacrée à la pratique de l’aparigraha (non-convoitise) par l’ajout d’un simple rituel.

  1. Toutes les classes commenceront par la pleine conscience de la respiration et la concentration sur une bougie. A chaque respiration, laissez brûler chaque désir, chaque peur dans le feu de la bougie.
  2. Sankalpa à tadasana avant de commencer la pratique : “Aujourd’hui, je vais pratiquer sans chercher de résultats à ma pratique.”
  3. Pendant les asana et pranayama : concentrez-vous sur le flux du souffle entre le cœur et la base de la colonne vertébrale.
  4. Les cours se termineront par :
  5. Pleine conscience de la respiration.
  6. Pardonner à soi-même et aux autres.
  7. Remercier les cinq éléments et respiration.
  8. Pratique de aparigraha en donnant ses désirs au feu.

Routine suggérée : la même que durant la semaine 2.

Cette dernière semaine de pratique est consacrée au développement de pensées opposées à celles qui nous incitent à nous faire du mal aux autres et à nous-mêmes. Mais la pensée opposée de haïr n’est pas l’amour ! La pensée opposée à la haine est de comprendre la futilité de la haine, et comment cette haine va nous nuire et nuire à notre pratique.

  1. Tous les cours commenceront par la pleine conscience de la respiration, la concentration sur la bougie et la pratique de aparigraha.
  2. Sankalpa à tadasana avant de commencer la pratique : “Aujourd’hui, je vais pratiquer sans chercher de résultats à ma pratique.”
  3. Pendant les asana et pranayama : concentrez-vous sur le chakra du cœur et la transition entre l’expiration et l’inspiration.
  4. Méditation après chaque cours :
  5. Pleine conscience de la respiration.
  6. Contemplation sur ce qui se passe lorsque nous permettons à des émotions comme la haine ou la cupidité de guider notre chemin.
  7. Remerciez les éléments et pardonnez-vous à vous-même et aux autres.
  8. Chant d’asatoma.

Routine suggérée pour nos étudiants et nos lecteurs :

Ajoutez à la routine de la deuxième semaine : 2 minutes de contemplation sur les résultats de la violence envers soi-même ou envers les autres le matin. Un jour le week-end : méditez sur la nécessité de la violence et son impact envers autrui et nous-mêmes.

Ils vous plairont aussi...

  • Bonjour,
    Tu fais référence au Yoga Sutra pour évoqué Ahimsa. Je sais que cela fait partie des 8 membres du Yoga, des Yama
    Je me posais la question suivante :
    Est-ce que l’on trouve cette notion en premier avec Patanjali ?
    En tout cas, super cette nouvelle invitation.
    Merci

    • Bonjour Emmanuelle,

      Non, pas du tout. C’est assez ancré dans la philosophie indienne. On va trouver les réfèrence un peu près partout, déjà en Mahabharata, mais aussi dans les différentes Dharma Shastra (les manuels de Dharma).

  • {"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
    >