Postures de Yoga : faut-il se relâcher ou rester actif ?

Écrit par Pankaj Saini

Une question revient souvent pendant les formations et dans les échanges avec les élèves : “Dans les postures de Yoga, est-ce qu’il faut rester actif… ou complètement se relâcher ?”

La réponse, comme souvent dans Yoga, n’est pas aussi tranchée qu’on le voudrait. Car entre tension et abandon, il existe une infinité de nuances. Alors, voyons ensemble quand il vaut mieux être actif, quand il vaut mieux se relâcher, et pourquoi les deux approches sont complémentaires.

Actif vs Passif : qu’est-ce que ça veut dire ?

Avant tout, il est essentiel de comprendre ce que signifie être actif ou passif dans une posture.

  • Actif, c’est quand on engage volontairement certaines zones du corps pour stabiliser, diriger ou canaliser l’énergie dans la posture.
  • Passif, c’est quand on laisse la gravité ou le souffle faire le travail — sans résistance, sans contrôle.

Par exemple, dans supta baddha konāsana (la posture du papillon allongé) :

  • Si on engage légèrement les abdominaux profonds pour soutenir la colonne et canaliser le souffle vers le cœur, c’est actif.
  • Si on relâche tout, en laissant les jambes s’ouvrir et le corps se déposer dans le sol, c’est passif.

Actif et passif

Dans la pratique posturale, il n’est presque jamais question d’être entièrement actif ou totalement passif. Bien souvent, l’efficacité d’une posture vient justement d’un mélange subtil : on active certaines zones pour permettre à d’autres de se relâcher.

Par exemple, dans la posture de la pince debout (uttānāsana) : en activant les quadriceps on facilite le relâchement des ischio-jambiers. Résultat : une flexion plus profonde, sans forcer.

Comment choisir ?

La bonne question n’est pas “faut-il être actif ou passif ?”, mais plutôt : “Quand faut-il être actif ? Quand faut-il relâcher ? Et dans quelles zones précisément ?”

Et cela dépend entièrement de l’intention de la séance, de l’état du jour, et de ce que l’on cherche à cultiver dans la pratique.

Quand privilégier l’activité ?

Rester actif dans une posture apporte de nombreux bienfaits :

  • Renforcer la musculature profonde (stabilisateurs des chevilles, du bassin, du dos, etc.).
  • Soutenir les articulations, évitant blessures et surcharges.
  • Stimuler l’élément feu — ce qui canalise prāṇa et active la concentration.

À privilégier :

  • Quand on apprend les alignements d’une posture.
  • En phase de réentraînement après une blessure.
  • Dans les pratiques avec bandha, drishti ou en vinyāsa krama.
  • Pour renforcer ou stabiliser le corps.

Quand relâcher complètement ?

Le relâchement total est tout aussi précieux. Il permet :

  • De réduire le stress et apaiser le système nerveux.
  • De laisser circuler les émotions et évacuer les tensions.
  • D’approfondir certaines postures… sans effort.

À privilégier :

  • En période de stress ou d’anxiété.
  • Pendant une convalescence ou un burnout.
  • Quand on a tendance à vouloir tout contrôler.
  • En cas d’hypertension ou de fragilité cardiovasculaire.
  • Dans les séances du soir, pour préparer le sommeil.
  • Pour explorer la perception subtile du souffle et de l’énergie.

Quand combiner actif et passif ?

Dans de nombreux cas, il est plus bénéfique et équilibrée de combiner les deux – être actif dans certaines zones et passif dans d’autres. Activer une zone permet d’en relâcher une autre, et inversement, le relâchement permet parfois une meilleure activation musculaire subtile.

C’est très utile quand :

  • On travaille la souplesse (ex : activer les quadriceps pour relâcher les ischio-jambiers).
  • On veut “s’asseoir” pleinement dans une posture (ex : activer le centre et les jambes pour libérer les hanches).
  • On pratique des techniques avancées (rythmes du souffle, mantra…) : le corps reste actif, mais le mental, lui, se relâche totalement.

Comment organiser une séance posturale équilibrée ?

Bien entendu, ne travailler qu’un seul style n’est bénéfique ni pour le corps, ni pour l’énergie, ni pour le mental. Voici quelques exemples pour vous aider à programmer vos séances posturales de façon plus consciente :

  • Vous ressentez des tensions dans une zone : activez la zone opposée pour favoriser un relâchement plus profond là où vous êtes tendu(e).
  • Avant les prāṇāyāma : privilégiez une séance courte mais plutôt active, puis terminez avec une phase active + passive pour stabiliser.
  • Avant de méditer : choisissez une séance orientée relâchement complet pour apaiser le système nerveux et calmer le mental.
  • Pour une séance holistique : commencez par une phase active, enchaînez avec actif + passif, et terminez par un relâchement complet.

Comment organiser une semaine ?

Voici quelques idées de répartition en fonction de vos objectifs ou de votre état du moment :

En période de stress

  • 3 séances relâchées
  • 1 séance active
  • 1 séance mixte (actif + passif)

Progresser sur le plan postural

  • 3 séances actives
  • 1 séance mixte
  • 1 séance relâchée

Pour une pratique équilibrée (sans besoin spécifique)

  • 2 séances actives
  • 2 séances mixtes
  • 1 séance relâchée

En résumé…

Yoga, ce n’est ni la tension, ni la mollesse. C’est l’art subtil de savoir quand et où agir… et quand et où se relâcher. C’est aussi une écoute constante de notre corps, de notre souffle et de notre état intérieur.

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