Les Yoga Sutras reprennent ! Et comme vous pouvez imaginer… oui, je vais vous embêter avec de la philosophie de Yoga !
Entre nous – c’est mon plus grand souhait : que j’arrive à transmettre la vraie importance de la philosophie de Yoga au plus grand nombre de personnes. On ne se rend pas compte combien cette philosophie est importante… pas juste pour les pratiquants de Yoga, mais pour chaque être. Et l’être limité que je suis, je n’arrive pas à transmettre que cette philosophie n’est ni pour les “professeurs” ni pour les “universitaires”. C’est pour chacun d’entre nous – et dans chaque chemin de vie.
Mais j’essaie. J’essaie. Et je vais continuer d’essayer ! Alors allons-y sur le sujet de cet article :
Vous n’êtes pas triste. Vous n’êtes pas joyeux(se). Vous n’êtes pas stressé(e). Vous n’êtes pas anxieux(se). Vous n’êtes pas en colère. Vous n’avez pas échoué. Et non, malheureusement, vous n’avez pas réussi non plus.
Non, vous n’êtes pas ce que vous ressentez !
Je sais. Ça déstabilise. Mais cette erreur d’identification est aussi LA CAUSE PRINCIPALE de tous nos maux – en tant qu’individu et en tant que société.
Mes expériences avec la colère
J’ai déjà parlé de combien j’étais colérique quand petit. Déjà, je me jugeais du fait d’être colérique. Puis, j’essayais avec toute ma volonté de ne plus l’être. Et ça marchait… pour un moment. Puis la colère éclatait quand même – pire qu’avant. Et bien entendu, les regrets, les énervements contre moi-même, cette sensation que je ne suis même pas capable de dompter mon propre esprit… que vais-je devenir ?
Mon erreur ? J’essayais de “soigner” ma colère avec les mêmes mécanismes qui l’avaient généré en premier lieu – ce fameux “Je”.
“Je” étais en colère, car “je” considérais que les autres lui faisaient des torts. Puis “je” cherchais à soigner sa propre colère.
Mais est-ce que “je” était vraiment en colère ?
La sagesse de Patanjali
Draṣṭṛ-Dṛśyoḥ Saṃyogaḥ Heya-Hetuḥ (II.17)
L’union de l’observateur avec l’objet de l’observation est la cause de toute souffrance. Particulièrement lorsque ce qui est observé est “tourmenté” (c’est à dire : quand ce n’est pas juste).
On entend souvent que Yoga est l’union du corps et de l’esprit… mais les textes anciens vont bien plus loin, et leur message est encore plus puissant. Parfois, je trouve ça tellement dommage que personne ne prend le temps de lire ces anciens textes qui expliquent vraiment ce que c’est la voie de Yoga.
À lire : qu’est-ce que Yoga ?
Voici le mécanisme que Patanjali est en train de nous expliquer :
- (Sauf quand nous sommes dans l’état de Yoga) notre conscience observe ce qui se passe dans nos divers corps (les kosha).
- Elle s’identifie à ce qu’elle voit.
- Cette identification devient la cause principale de la souffrance.
Je vais donner un exemple :
Disons que vous ressentez un mini-vide à l’intérieur, une micro-anxiété. L’esprit commence à chercher la raison de cette anxiété. Il voit le téléphone. Le téléphone l’attire – et vous vous dites : “ça doit être parce que je n’ai pas vérifié les messages”. Vous regardez votre téléphone. Rien de particulièrement important… mais soudainement, vous vous sentez mieux. C’est bien, non ?
Absolument pas !
Parce que voici le schéma que ça a produit dans l’esprit : si je regarde mon téléphone, je vais me sentir mieux. Et cela, sans avoir réellement trouvé la raison initiale de cette micro-anxiété.
La prochaine fois que cette anxiété vient ? L’esprit va automatiquement aller vers le téléphone. Mais c’est pire que ça. Plus ce schéma se renforce, plus l’esprit va créer une “addiction” – et dès que tu ne consultes pas le téléphone régulièrement – il va “créer” ces vagues d’anxiété.
C’est comment les addictions se manifestent – et d’ailleurs pas que les addictions ! Mais dans tout cela, il y a une grande erreur dès le départ :
“Vous” n’étiez jamais anxieux. C’est simplement une fausse identification entre ce qui était observé (les vagues d’anxiété) et l’observateur (le vrai Soi), que ça a généré tout ce schéma…
… Que nous dit Yoga ?
Dans Yoga on parle de deux entités distinctes : notre Conscience (notre vrai soi) et tout le reste (dont notre esprit, nos énergies, notre corps physique). La Conscience observe. Et le reste est ce qui est observé.
À lire : Purusha et Prakriti
Voici le mécanisme précis de ce qui se passait :
Dû à une raison (non identifiée encore), le corps énergétique était rempli de vagues que l’esprit interprétait comme étant anxieux. La Conscience observait ces vagues. Mais puisque l’esprit n’était pas dans l’état de Yoga – la Conscience “avait l’impression” que c’était “elle” qui était anxieuse.
Et c’est cette mauvaise identification (union) entre la Conscience et ce qu’elle observait qui a créé le reste du schéma.
Si on était dans l’état de Yoga
À l’inverse, si on était dans l’état de Yoga, la conscience n’aurait pas eu cette fausse identification. Elle aurait su qu’elle observait simplement des vagues énergétiques présentes dans l’esprit. Elle ne se serait pas sentie en “souffrance” ou “en danger”. La réaction de prendre le téléphone pour vérifier les messages ne serait pas manifestée (et surtout, ça ne serait pas devenu une addiction).
C’est même fort probable que la Conscience aurait réussi à trouver la vraie raison pourquoi cette anxiété initiale s’était présentée !
Et si on revenait à ma colère…
Mon “combat” contre la colère a changé grâce à ce sutra (et d’autres). Pas en un jour. Mais après plusieurs mois. Le fait de lire ce que disait Patanjali, le fait de s’interroger sur le processus expliqué dans Yoga – ça a aidé à déblayer les idées préconçues que j’avais à propos de moi-même et ma colère.
Ce déblayage était d’une très grande importance pour que le reste de la pratique (Pranayama, Asana, Méditation) puisse faire leurs vrais effets – et diminuer la colère à sa source.
C’est la vraie force de la philosophie de Yoga. Elle nous incite à nous poser des bonnes questions. Elle nous guide. Elle déblaie les fausses croyances. Et elle crée l’espace pour que la pratique puisse avoir des effets bénéfiques.
Un exercice tout simple
La philosophie de Yoga n’est pas juste de la théorie qu’il faut mémoriser comme un perroquet. Elle ne cherche pas à remplacer une idée par une autre. Elle est vivante. Elle demande l’application. Elle incite à l’exploration.
Et cette exploration démarre avec un exercice très simple (que j’ai d’ailleurs déjà partagé). Simplement asseyez-vous confortablement. Prenez conscience de votre souffle. Quand les pensées viennent, au lieu de les chasser, ou de les juger, observez simplement ces pensées. Sans vous identifier avec ces pensées. Sans réagir à ces pensées. Observez simplement.
Faites cet exercice pendant 5 minutes par jour pendant plusieurs jours (idéalement 2-3 semaines), et regardez ce qui se passe.