Pourquoi les anciens textes de Yoga nous parlent-ils des 8 membres pour effectuer des vrais changements et sortir de la souffrance ? Pourquoi ne peut-on pas juste faire quelques postures et respirations ? Ou d’ailleurs, juste prendre un médicament, pour que tout aille bien à l’intérieur de nous !
Est-ce que c’est parce que ces anciens sages comme Patanjali n’avaient juste pas les connaissances nécessaires pour trouver des remèdes simples ? Ou connaissaient-ils un secret – un secret qui détient la clé pour les transformations réelles. Et sans lequel on ne peut pas réellement agir sur nous, peu importe le nombre de médicaments que nous prenons ?
Aujourd’hui, parlons d’un concept essentiel de Yoga : citta – le champ du mental. Un concept qui est la clé pour comprendre comment marche notre mental. Et aussi le secret pour les transformations réelles qui durent.
Qu’est-ce que Citta ?
Le mot “citta” vient de cit, qui veut dire la conscience. Notre conscience, c’est notre vrai Soi. Qui nous sommes réellement. Mais pour pouvoir interagir avec le monde, cette conscience a besoin des outils : pour pouvoir “voir” ce qui se passe. Pour pouvoir agir sur la vie.
L’outil principal de notre cit c’est ce que l’on appelle citta – le champ du mental. Et ce champ du mental est très différent que notre cerveau.
Etudiez les Yoga Sutra de Patanjali
Formation en ligne d’après les règles d’art – accès à vie – étymologie de chaque mot – explications détaillés – contenu introuvable ailleurs
Rejoignez notre grand projet sur les Yoga Sutra !
Quelle est la différence entre le cerveau et le Champ du mental ?
Notre cerveau fait partie du corps. Quand on ouvre notre crâne, on peut le voir. On peut le toucher. Mais est-ce tout ce qui existe ? Est-ce que ce que l’on ne peut pas voir n’existe pas pour autant ?
Yoga voit le corps physique comme n’étant que la dernière enveloppe d’un être bien plus complexe. Comme si c’était la dernière projection, la dernière image. Mais il y a beaucoup d’autres images, beaucoup d’autres choses qui se passent à l’intérieur de nous. Et ce que nous voyons arriver à notre corps physique est simplement l’effet de ces processus extrêmement subtil.
Cela s’appelle la théorie des kosha – les 5 étuis de notre corps. Si vous ne connaissez pas ce terme, laissez un commentaires et ce sera le sujet d’un prochain article.
Parmi ces kosha, il y en a deux qui affectent notre corps physique directement : le corps du mental et le corps énergétique. Quand on prend un médicament, ou quand on essaie de reprogrammer comment marche notre cerveau, nous sommes en train d’agir sur le corps physique.
Ça aide. Mais ça ne change pas ce qui se passe dans notre corps énergétique ou notre corps du mental. Ça crée même un contre-effet. Maintenant, notre corps physique et nos énergies ne sont plus en harmonie. Le corps cherche à faire une chose. Et les énergies cherchent à faire une autre chose.
De quoi est composé notre champ du mental ?
Les trois composants principaux de notre champ du mental sont : buddhi (souvent traduit comme intellect – même si c’est bien plus que ça), ahamkara (traduit comme égo, mais pas l’égo que nous comprenons) et manas (le mental).
Ce citta, à travers le mental, est aussi lié aux 5 sens cognitifs, dont le rôle est de percevoir et envoyer les informations au mental, et 5 sens d’action, dont le rôle est d’agir sur le monde – par exemple, parler, ou bouger quelque chose.
Qu’est-ce que Buddhi réellement ?
Très souvent, on traduit buddhi comme l’intellect. Mais ce n’est pas tout à fait exact.
Buddhi est une composition de deux mots : bud, qui veut dire “discerner”, et dhi qui veut dire “réservoir”. Le réservoir où le discernement peut se faire est buddhi.
Mais discerner la vraie nature de quelque chose, ou agir d’une manière juste sur quelque chose, n’est pas un effet d’une simple compréhension superficielle. Il est tout aussi important d’être posé, calme, et en connexion avec soi-même. C’est le rôle de buddhi. Un mot plus exacte pour Buddhi sera “la sagesse”.
Qu’est-ce que Ahamkara ?
Tout comme buddhi est souvent mal traduit, c’est également le cas d’ahamkara. La plupart du temps, pour simplifier, on le traduira comme “l’égo”. Mais ce n’est pas exact.
Ahamkara vient de deux mots. Aham qui veut dire “je” et kara qui veut dire “effectuer”. Le “Je” qui “effectue” est l’égo. On peut le voir comme l’égo pur : qui dit “je suis”, et rien d’autre.
Son rôle est de réunir les informations que le mental nous envoie, et ensuite transmettre des messages envoyé par buddhi au mental pour qu’une action puisse être effectuée. Durant ces moments, l’égo “possède” l’objet de l’attention, qui est la seule manière pour pouvoir agir sur quelque chose.
Qu’est-ce que Manas ?
Manas veut dire le mental. Son rôle principal est de collecter les informations qui viennent des sens cognitifs. Et ensuite envoyer les ordres venant de buddhi et ahamkara à nos sens d’action. Ces sens d’action transmettent ces ordres à notre corps énergétique. Qui les transmet à notre cerveau. Et ainsi une action est faite.
Ensemble, ces trois principes (buddhi, ahamkara et manas) sont appelés citta.
Quel est le rôle de Citta ?
Le rôle de citta est de recevoir les informations, les réunir, et ensuite les discerner. Ces informations sont par la suite présentées à la Conscience. Et ensuite, l’action de la Conscience est transmise à travers citta à notre corps énergétique. Du corps énergétique, cela vient à notre cerveau, qui le met en acte grâce à notre système nerveux.
Quand tout marche comme il faut, citta reçoit des informations correctes et une action juste est faite. Mais tout ne marche que très rarement comme il faut !
Qu’est-ce qui empêche Citta de faire son travail ?
Citta est soumis aux 3 guna (qualités, forces) – les trois forces primordiales de la nature.
Quand sattva guna, dont la qualité est la clarté, est prédominant, tout va bien et citta fait son travail comme il faut. Les problèmes interviennent quand rajas et tamas guna deviennent prédominants.
Plus rajas prédomine, plus le mental est sans cesse en mouvement. Plus tamas est prédominant, plus il y a comme un voile devant nous qui nous empêche de recevoir les informations correctes.
Afin de comprendre ça, prenez trois photos. Dans le premier cas, posez votre caméra sur quelque chose de stable, et cliquez. Pour la deuxième photo, bougez votre caméra aussi rapidement que possible et cliquez en même temps. Et finalement, posez un voile noir devant votre caméra, et prenez une photo.
Si vous deviez prendre une décision importante en vous basant sur l’une de ces photos, laquelle des 3 vous donnent des informations plus justes ?
C’est ce qui se passe dans notre champ du mental aussi quand rajas ou tamas prédomine. Le résultat est les processus qui nous amènent vers la souffrance.
C’est quoi ces processus (Vrtti) ?
Il existe 5 styles de processus dans notre champ du mental. Dans Yoga, on les appelle les vrtti. Ces processus dirigent l’intégralité de nos émotions, nos actions et nos ressentis. Les 5 styles de processus sont :
- Ceux basés sur la cognition juste.
- Ceux basés sur la cognition erronée.
- Ceux basés sur la cognition imaginaire.
- Ceux basés sur la somnolence.
- Ceux basés sur les souvenirs.
Parmi ces processus, ceux basés sur la cognition juste sont dû à sattva guna et augmentent sattva guna. C’est notre cercle vertueux. Et ici, on a une meilleure compréhension de ce que l’on voit. On agit d’une manière juste.
Les autres processus sont liés à tamas et rajas. Et plus ces processus sont présents, plus ils induisent tamas et rajas dans le champ du mental. C’est le cas type des cercles vicieux. L’effet de ce style de processus sera la présence des peurs, de l’anxiété, du stress, des hauts et bas émotionnels, d’agir d’une manière qui nous cause des regrets, de prendre des mauvaises décisions ou d’être attiré par les mauvaises personnes ou les mauvaises actions.
Que se passe-t-il si on ne soigne que le corps physique et le cerveau ?
Chaque processus du champ du mental a aussi des effets sur nos énergies. Et cela a par la suite des effets sur notre cerveau et notre corps physique. Par exemple, la présence d’anxiété va produire certaines hormones, et va induire des problèmes gastro-intestinaux.
On peut soigner ces problèmes grâces aux postures, à la respiration, aux médicaments, ou encore grâces aux techniques de re-programmation du cerveau. Et ça va aider.
Mais cela ne changera pas les processus qui sont déjà présents dans le champ du mental. Et dans nos corps énergétiques. Par exemple, si vous êtes de nature anxieux, on peut diminuer le ressenti de l’anxiété. Et on aura l’impression que on a tout soigner. Mais la cause de l’anxiété : on ne l’a pas réellement changé. Et elle est toujours entrain d’agir sur notre mental et énergies.
Idéalement, on cherche à agir sur le corps physique et le cerveau pour calmer les symptômes. Mais en même temps, aussi agir sur notre corps énergétique et notre champ du mental pour réellement changer ces processus.
Comment agir sur nos corps subtils ?
La meilleure façon d’agir sur nos corps subtils est à travers les 8 membres de Yoga. Ces 8 membres étaient fait justement pour nous permettre d’agir à la fois sur le corps physique, le cerveau, mais aussi sur notre corps énergétique et notre champ du mental.
Grâce à la compréhension de ces 8 membres et leur mise en pratique, on peut diminuer les processus qui génèrent la souffrance comme la cognition erronée. Et augmenter les processus de cognition juste – ce qui nous amènera la paix, l’harmonie et la vraie liberté.
votre thème est extrêmement intéressant et important, peu s’intéressent à ce sujet. Aussi je vous suis très reconnaissant de vous intéresser régulièrement à la partie philosophique du yoga, de rappeler Patanjali et en plus samedi matin, le moment paisible de la semaine. Je vous remercie infiniment
Un très grand merci Amal 🙂 Oui, c’est vraiment très important de se souvenir des sources philosophiques de Yoga. Car au fond, c’est ce qui nous permet d’arriver vers l’état de Yoga. Une très belle journée 🙂
Bonjour Pankaj et un immense merci pour cette synthèse qui jette les bases sur la compréhension du mental. C’est riche, dense, clair et même drôle (j’ai beaucoup aimé l’image de l’appareil photo), apprendre sans sourire ou rire ne me convenant pas du tout. Pas de question, sinon l’immense plaisir à vous écouter et vous suivre, vous et votre belle équipe ici et là. Belle journée à vous tous.
Merci beaucoup, Barbara 🙂 Oui, le mental aime bien nous jouer les tours ! Et on ne peut pas vraiment le capter sans pouvoir en rire et sourire ! C’est une des choses que Yoga nous enseigne. Vu que nous penchons sur les sujets d’une très grande importance : raison de plus de le faire avec le bon humeur, des sourires et dans une manière détendue ! Belle journée à vous aussi, Pankaj
Merci pour toutes ces explications passionnantes!
ce qui a été compris en Indes depuis des milliers d’années, on l’explique aujourd’hui en occident avec les neurosciences et le fonctionnement et l’importance et du nerf vague dans le mal être et bien des pathologies et dysfonctionnements du corps. C’est impressionnant de voir que votre civilisation a tout compris depuis des millénaires, et que nous occidentaux, cartésiens, avons mis autant d’années à comprendre!
Merci beaucoup Sophie 🙂 Oui, il est vrai qu’il y a toute une sagesse encore peu connu dans la métaphysique et la philosophie de yoga. Mais même le nerf vague reste un effet d’un mouvement énergétique qui démarre bien plus en profond de nous. C’est une des raison que yoga thérapie se concentre toujours sur l’action sur le mental avant le corps !
Un grand merci pour cette vidéo, qui permet de revenir à l’essentiel de pourquoi pratiquer le yoga. Toutes vos vidéos sont d’ailleurs passionnantes et très claires. Merci beaucoup et belle journée 🙂
Merci Marie-Hélène. Je suis très content que la vidéo vous a aidé 🙂 Belle soirée, Pankaj