Trop de pensées en méditation ? Voici comment les calmer

écrit par Pankaj Saini

Est-ce qu’à chaque fois que vous méditez, vous avez trop de pensées et d’émotions qui vous submergent ? Et que non seulement ça vous empêche de méditer, mais ça vous frustre et vous démotive ?

Dans cet article, explorons pourquoi les pensées sont là, et que faire pour les calmer. 

Pourquoi on a trop de pensées ? Un exemple simple

Imaginez que vous êtes très pressé(e) pour aller au travail. Vous vous précipitez pour terminer ce que vous avez à faire à la maison afin de pouvoir partir aussi rapidement que possible. Mais une fois que vous arrivez au bureau, vous n’êtes plus très sur(e) : est-ce que vous avez bien éteint le gaz ? Ou encore, vous ne vous revoyez plus fermer la porte à clef ! Que va-t-il se passer ? Quel sera votre état d’esprit ?

La dernière fois que ça m’est arrivé, je n’arrivais même plus à me concentrer sur le travail. Mon esprit ne cessait pas de revenir sur mon parcours du matin et re-visualiser mes gestes ! Au bout d’un moment, j’ai dû rentrer pour m’assurer que j’avais tout bien éteint et fermé !

C’est à peu près ce qu’il se passe dans notre esprit lorsque l’on médite… mais à une échelle beaucoup plus profonde, subtile et grandiose.

Ce que dit Yoga à propos d’une pensée

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, d’après la philosophie de Yoga, une pensée n’est pas introvertie, mais plutôt un mouvement extravertie de notre prana (énergie vitale) et notre esprit (citta). La philosophie de Yoga ne fait aucune distinction entre une pensée, une parole ou un acte, si ce n’est que le style de vibration émis et combien d’énergie d’évacuation est mise dans cette vibration. 

Par exemple, si assez d’énergie d’évacuation a été émise, la pensée va s’exprimer soit par une parole soit par un acte. Si “trop” d’énergie d’évacuation a été mise, ça va se manifester comme une parole/acte entièrement involontaire (où on a l’impression que l’on ne sait même pas pourquoi on dit/fait quelque chose) ! Et si cette énergie d’évacuation est trop faible, la pensée va rester au stade d’une pensée. Et si cette énergie était vraiment, vraiment faible… ce sera une pensée dont on n’a même pas conscience !

La naissance d’une pensée

Voici un mécanisme simplifié de la naissance d’une pensée. Imaginons que vous venez de voir quelque chose :

  1. D’abord les 5 sens cognitifs vont transmettre ce que vous venez de voir au mental. 
  2. Le mental va collecter les diverses informations reçues durant ces moments, et puis les transmettre à l’égo. 
  3. L’égo va “unir” ces informations, tout en les possédant (ce qui nous incite à dire “j’ai vu”), avant de les présenter à notre intellect (buddhi). 
  4. Buddhi va discerner ces informations de son mieux, avant de présenter l’image finale à notre Conscience. 
  5. Basée sur la qualité de l’image reçue, la Conscience va “agir” sur cette information. Cette action va se présenter comme un mouvement de prana extraverti.
  6. Ce mouvement de prana, selon le style de vibration émis et combien d’énergie d’évacuation est mise dedans, va se présenter comme une pensée, une parole ou un acte. 

À lire : Glossaire simplifié – Les termes essentiels de Yoga

Quand une expérience n’a pas été comprise ou acceptée…

Malheureusement, la vie est rarement aussi claire et linéaire que le schéma précédent ! Même lorsque l’on perçoit quelque chose, on ne reçoit pas l’intégralité des informations concernant cette chose, et l’intégralité de ces informations ne sont pas discernées correctement par notre intellect non plus. 

La plupart du temps, l’image que présente notre intellect à notre conscience n’est qu’une image partielle. Et dans ce cas-là, cela laisse une trace/une empreinte sur nos samskara

Les samskara (sama = ensemble, kara = ce qui a été fait) sont les empreintes de tout ce que nous vivons : chaque expérience, chaque acte, chaque pensée (de cette vie, et des vies antérieures !). Pour simplifier, vous pouvez les voir comme nos conditionnements, ou encore “notre mémoire cosmique”. 

Prenons un exemple plus concret pour comprendre ce concept d’une très grande complexité. Imaginons que quelqu’un vous parle mal. Sur l’instant, vous avez l’impression que c’est bon, c’est fini et vous êtes passé(e) à autre chose. Mais si vous avez remarqué, parfois la même situation ne cesse de se reproduire dans l’esprit, comme si l’esprit ne cessait pas de revenir dessus. 

Voici ce qui est en train de passer :

  1. Notre esprit (citta) n’a pas réellement réussi à discerner l’intégralité de cette expérience de quelqu’un qui nous parle mal. 
  2. Ça a laissé des traces sur nos samskara
  3. La Conscience, qui cherche à avoir l’image complète, ne cesse pas de revenir sur ces traces dans l’espoir de pouvoir comprendre et assimiler/accepter l’essence de cette expérience. 
  4. Et à chaque fois que la conscience revient dessus, l’esprit se met en marche pour essayer de le comprendre/discerner. 

Que se passe-t-il quand on médite ?

Lors d’une journée normale, on ne cesse pas de soit faire quelque chose ou encore de recevoir des nouvelles informations. L’esprit vit dans un état de sur-stimulation constant. 

Dans cet état, l’esprit et la conscience sont constamment distraits ! Du coup, ils vont d’une expérience à l’autre, et n’ont pas le temps d’avoir “trop de pensée”. 

Lorsque l’on dort, l’esprit est d’avantage au “repos”, avec moins de distractions, et la conscience se remet à vouloir comprendre ce qui s’est passé dans la journée, le mois… la vie. Souvent, on ne se rend pas compte de ces mouvements (grâce à la nature de sommeil qui est rempli de tamas guna – la qualité de l’obscurité du mental), même si parfois ça va se présenter comme des rêves, ou encore si la conscience était vraiment mouvementée, on aura l’impression d’avoir “trop dormi” et pourtant se réveiller complètement épuisé(e). 

À lire : Triguna

Quand on médite par contre (surtout en silence), la qualité principale de notre esprit est sattva guna (la qualité de clarté, de discernement). Mais en même temps, l’esprit est au repos et n’est pas en train de recevoir mille nouvelles informations.  

Dans cet état, on est beaucoup plus “conscient” de ce qui se passe à l’intérieur de nous – dans notre esprit. Et on ressent le mouvement de la conscience qui commence à générer des pensées afin de pouvoir comprendre toutes les expériences qu’elle n’a pas pu assimiler jusqu’à présent !

C’est la raison principale pourquoi on se sent vite submergé(e) par autant de pensées !

Pourquoi autant de pensées variées ?

Malheureusement, il n’y a jamais qu’une seule expérience ou situation qui nous reste à comprendre ! Imaginez, rien que dans une journée le nombre d’expériences que nous accumulons ! Sans parler d’une semaine ou d’une vie !

Sur cela s’ajoute le fait que, dû à la sur-stimulation, nos sens cognitifs ont perdu l’habitude de se concentrer. Ces sens alors n’arrivent plus à rester “accrocher” à une seule pensée (ce qui sera idéal pour permettre à la conscience d’enfin pouvoir l’assimiler/accepter). Mais ils vont d’une pensée à l’autre, soulevant mille choses (souvent complètement non liées !) à la fois. 

Ne pas méditer : est-ce une option? 

Lisant tout cela, vous vous dites peut être “autant ne plus méditer !” Comme ça, plus de souci que la conscience fouille partout dans nos mémoires et notre esprit ! Après tout, pourquoi ne pas juste distraire la conscience et l’esprit tout le temps ? 

Cela pose plusieurs problèmes. Déjà, et avant tout, d’une manière très pragmatique, il faut bien dormir de temps en temps ! Et dans cet état, la conscience va quand même fouiller même si on ne va pas forcément s’en rendre compte. (Et lors d’une journée, ces mouvements vont se présenter comme de la colère interne, la tristesse, ou d’autres émotions – sans que l’on comprenne pourquoi elles sont là). 

Mais aussi, la sur-stimulation constante afin d’éviter le silence et les  pensées qui remplissent ce silence… cela revient à chercher à créer un barrage, tout en continuant de mettre l’eau dans la rivière… et un jour ou l’autre, le barrage sera dépassé !

Chasser les pensées, une option? 

Il est important de comprendre que ces pensées ne sont pas nos ennemies. Elles sont là pour permettre à notre Conscience (et nous) de faire le chemin que l’on était censé de faire dans la vie. 

Si on les chasse, ou si on cherche à les contrôler, cela ne fait que remonter notre “barrage” et pose les mêmes problèmes que cités plus haut – un jour où l’autre, le barrage sera quand même dépassé !

Que faire pour ne plus avoir trop de pensées durant la méditation? 

Nous avons tous besoin de méditer régulièrement. C’est la seule manière pour que la conscience arrive à assimiler toutes les expériences qu’elle vit. 

Notre objectif n’est pas de chasser les pensées, mais plutôt limiter le nombre de pensées qui se produisent par instant, et ainsi laisser le temps et l’espace à la conscience de pouvoir réellement comprendre les expériences derrière ces pensées.  

Les astuces rapides pour calmer les pensées

Voici trois techniques simples pour calmer les pensées qui apparaissent durant votre méditation. Mais n’oubliez pas : l’objectif ici n’est ni de nous distraire ni de chasser les pensées ! Mais plutôt de permettre à notre conscience et à notre esprit à pouvoir méditer sans être submergés par ces pensées. 

  1. Apprenez à observer les pensées – et sans interagir avec elles, sans les juger, sans chercher à les contrôler. Vous pouvez utiliser cet exercice : “Observez sans juger” qui faisait partie du challenge méditation
  2. Utilisez le chant des mantra – ça aide non seulement à “purifier” l’esprit (réduire son obscurité), mais aussi à le concentrer. Cependant, il est important de se souvenir que notre objectif n’est pas d’utiliser les mantra pour “faire quelque chose pour empêcher les pensées”, mais plutôt de cibler et concentrer l’esprit. C’est l’instant de silence qui est tout aussi important que le mantra que l’on chante !
  3. Prenez le temps de préparer le corps avant de démarrer votre méditation. Quelques mouvements pour relâcher les hanches, ouvrir les épaules. Faire quelques pranayama (notamment nadi shodhana) aident énormément l’esprit à pouvoir mieux gérer les pensées qui viennent. 

Un travail du fond pour calmer l’esprit

Bien entendu, ces astuces ne sont rien de plus que des astuces. Ce sont des pansements que l’on met pour pouvoir avancer dans le chemin. Pour réellement avancer dans la pratique méditative (et d’ailleurs dans la vie), on a besoin d’un travail de fond sur nous. Voici quelques idées : 

  1. Limitez la sur-stimulation du mental. Si on ne cesse pas de se distraire et de courir après les expériences, l’esprit n’aura jamais le temps ou l’espace pour réellement comprendre ces expériences !
  2. Méditez tous les jours. Plus que n’importe quelle autre pratique de Yoga, la méditation est celle qui a besoin de plus de régularité. Cela assure que l’on laisse toujours du temps à l’esprit de pouvoir assimiler et accepter les expériences vécues d’une manière journalière. 
  3. Ne laissez pas de côté les 8 membres. Yoga est, et était toujours censé d’être, une pratique complète sur l’être (et non, pas juste des postures physiques). Il y a d’ailleurs une raison pourquoi les pratiques méditatives (dharana & dhyana) n’arrivent que vers la fin dans les 8 piliers de Patanjali ! Car ces pratiques ont besoin de ce qui les précèdent : les yama, les niyama, les asana, les pranayama, et pratyahara !
Trop de pensées durant vos méditations ? 5 astuces court et long terme

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